«Plus d'offre crée plus de public»

Stéphane Casey, comédien, metteur en scène, producteur de spectacles, directeur du Boui Boui et du Rideau Rouge à Lyon et du Palace à Avignon s'apprête à prendre la direction du Comédie Odéon, un nouveau lieu de 300 places avec Marion Gervais et Philippe Giangreco. Rencontre. Propos recueillis par Dorotée Aznar


L'ouverture de nouvelles salles de café-théâtre à Lyon répond-elle à une véritable demande du public ?

Stéphane Casey : L'ouverture de nouvelles salles correspond, je pense, à une demande du public mais aussi à une demande de la production. Jusqu'à maintenant, les «gros» spectacles ne pouvaient pas venir à Lyon par manque de structures pour les accueillir. Certains spectacles ont besoin d'une grande salle. Disposer de salles de tailles différentes permet de proposer à la fois des artistes en développement et des artistes confirmés. Tous ne peuvent pas se produire dans la même salle. Le café-théâtre, c'est aussi du business, notre réflexion est forcément fondée sur la rentabilité car nous ne sommes pas subventionnés.

Parallèlement à cela, à mon avis, plus il y a de restaurants et plus il y a de gens qui vont au restaurant. C'est un peu pareil pour les théâtres. Prenez par exemple les théâtres de Broadway : ils sont tous blindés ! Dans les limites de chaque ville évidemment, je pense que plus d'offre crée plus de public, c'est une spirale positive. Bien sûr, il y a une crise économique qui fait que les gens ne peuvent pas sortir tous les soirs. Mais le café-théâtre reste la sortie culturelle la moins chère. Il n'y a pas de crise de la consommation du café-théâtre

La fréquentation des salles de café-théâtre a-t-elle augmenté ?
Il y a des périodes plus difficiles, mais je pense que la fréquentation à l'année a augmenté. Il y a plus de gens dans les théâtres, mais cela dépend désormais des périodes. Internet a beaucoup changé les habitudes du public, tout comme les 35 heures, les voyages à bas prix… et la crise ! Ce que l'on constate dans les cafés-théâtres, c'est qu'au mois de mai, il y a un creux très fort alors que juillet et août sont devenus de bons mois. Les mois où la ville était vide, cela n'existe plus. La consommation de culture et de spectacle vivant s'est démocratisée. Des émissions télé comme celle de Ruquier, qu'on aime ou que l'on n'aime pas, ont permis de draîner un nouveau public; on a considérablement élargi l'assiette de consommation du café-théâtre.

Les cafés-théâtres de Lyon travaillent-ils en concertation ?
Le café-théâtre est un milieu plus individualiste, moins corporatiste que celui du théâtre. Quand on est deux à vouloir le même spectacle, on se «bat» pour l'avoir. Si un café-théâtre installe la clim', les autres ont intérêt à suivre… Mais c'est un milieu dans lequel nous avons beaucoup de respect pour les gens qui font le même travail que nous. C'est un métier compliqué, avec des horaires décalés, l'obligation d'être constamment dans le «festif» ; c'est un métier que l'on ne peut qu'exercer par passion. De plus, nous avons tous intérêt à ce que les lieux soient bien tenus, pour que la concurrence soit saine.

Lyon est-elle encore une ville tremplin pour les artistes ?
Oui, sans aucun doute. Toutes les stars sont passées par Lyon avant de devenir célèbres. Comme il y a beaucoup de lieux, cela permet de se tester. Si on se plante à Lyon, c'est qu'on n'est pas prêt pour Paris ! Au contraire, si on a un succès à Lyon, on a toutes ses chances à Paris. Après Paris, Lyon est la ville dans laquelle il y a le plus de spectacles. On trouve ici un public très demandeur. Le public lyonnais n'est pas difficile, il est connaisseur. Il est donc plus difficile à conquérir qu'ailleurs.

Un jeune artiste peut-il vivre du café-théâtre en restant à Lyon ?
Oui !

Comment les artistes sont-ils rémunérés dans vos théâtres ?
Quand c'est moi qui les produis, je leur paie des cachets fixes, pour les répétitions et les représentations.

Le 31 décembre, vous allez ouvrir le Comédie Odéon, un café-théâtre rue Grolée. Pouvez-vous nous parler de ce lieu que vous présentez comme «Le plus beau café-théâtre de France» ?
Le Comédie Odéon va nous permettre de disposer d'une jauge de 300 places. C'est une jauge qui a existé à Lyon mais qui n'existe plus. Ce lieu répond, je pense, à la fois à la demande du public et des professionnels.

Comment avez-vous obtenu les locaux de l'ancien CNP Odéon ?
C'est une belle histoire, mais le maire de Lyon s'exprimera sur ce sujet au mois d'octobre. 


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