Peaux neuves

Il se passe quelque chose à l'Auditorium de Lyon. Un sentiment de plaisir retrouvé. Un nouveau directeur artistique doublé enfin d'un nouveau Directeur Général et la machine s'est mise en route. Pascale Clavel


Le nouveau Directeur Général de l'Orchestre national de Lyon vient d'être nommé. Jean-Marc Bador, 43 ans, actuel Directeur Général de l'Orchestre de Chambre de Paris, prendra ses fonctions le 1er octobre. Il aura la lourde responsabilité, après le passage très controversé de Laurent Langlois, de fédérer, de donner une vision limpide des aspirations artistiques de cette belle maison. On l'attendait un peu comme le Messie, il était là au concert d'ouverture, apparemment serein et déterminé. Jean-Marc Bador aux côtés du nouveau Directeur Artistique, Leonard Slatkin, c'est une double direction cohérente. Côté programmation, Slatkin a eu l'intelligence d'éradiquer ces festivals qui n'en étaient pas. Du culot pour nous monter sa patte, il en a eu dès l'Ouverture avec ce gigantesque Requiem de Berlioz qui a su attirer un public immense. Une salle bondée, un silence religieux, des applaudissements à tout rompre : l'émotion a su sortir de sa baguette pour atterrir directement dans nos trippes. Cette saison est lisible, du symphonique bien sûr mais un retour aussi des grands Oratorios, du Requiem de Dvorak au Via Crucis de Liszt, un cycle complet des concertos pour piano de Rachmaninov interprété par l'hypnotique Olga Kern, et puis une musique française du XXe siècle très à l'honneur avec un Boléro de Ravel, un Sacre du Printemps de Stravinsky, des Nocturnes de Debussy. Des têtes d'affiche, comme on dit, beaucoup, et c'est tant mieux d'imaginer Sol Gabetta aux cotés d'Hélène Grimaud, d'attendre impatiemment le duo Neville Marriner / Renaud Capuçon. 

Un Trouvère à l'Opéra

Serge Dorny est un "trouvère" au sens premier : un trouveur. Il creuse depuis qu'il est à la tête de l'Opéra de Lyon, un chemin bordé de belles idées artistiques. Cette saison prouve encore son audace, ses prises de positions pour faire entendre à un public toujours plus fidèle des œuvres contemporaines exigentes, d'autres plus connues et plus facile d'accès. Cet équilibre est devenu la force de la maison. En ouverture, un Macbeth de Verdi revisité par l'immense metteur en scène Ivo van Hove, puis un retour décalé à l'Oratorio par le biais d'un Messie de Haendel mis en espace par la visionnaire Déborah Warner, un Festival Justice/Injustice à ne manquer sous aucun prétexte parce qu'il y a là un objet musical à couper le souffle : Claude, d'après Victor Hugo, musique de Thierry Escaich, livret de Robert Badinter, mise en scène d'Olivier Py, et à la direction musicale, Jérémie Rhorer… c'est un exploit. Enfin, pour clôre la saison, une Flûte enchantée revue par le fantasque Pierrick Sorin. Réjouissances pour une saison entière.


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Que du bonheur !