Poussières dans le vent

De Hou Hsiao Hsien (Taiwan, 1986) avec Shufang Chen, Li Tien-Lu, Ko Lawrence...


Après Les Garçons de Feng Kuei, Un été chez grand père puis Un temps pour vivre et un temps pour mourir, Poussières dans le vent clôture la première partie de l'œuvre d'Hou Hsiao Hsien. Quatre films avec tous pour point commun la jeunesse, et qui sont autant de chroniques bouleversantes du temps qui passe, que des sismographes de Taiwan. Tourné en 1986 et jusqu'ici difficilement visible, Poussières dans le vent ressort en salles et rappelle que ces premiers films, d'une maîtrise époustouflante, sont ce qu'il y a de plus beau chez l'auteur. Suivant le destin d'un garçon et une fille qui, à la sortie de l'adolescence, tentent de rentrer dans la vie en quittant leur campagne pour Taipei, le film noue l'intime à l'Histoire avec autant d'acuité que de sensibilité et d'élégance. À travers le parcours de ces deux amis d'enfance qui se cherchent sur un terrain amoureux se dérobant sans cesse devant une existence insaisissable, Hou Hsiao Hsien filme avec force et amplitude l'impermanence des choses et son impact sur plusieurs générations. Œuvre des transitions et ses complications (vers l'âge adulte, d'un monde rural et ici minier à la ville), Poussières dans le vent est orchestré avec une intelligence souveraine de la mise en scène. Trajectoires ferroviaires, répétition des lieux, lettres, peintures, cinéma, télévision, tout le film se déploie par touches et motifs, l'hyper densité du cadre scellant l'ensemble avec cette implacable rigueur héritée d'Ozu.

Jérôme Dittmar


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