Éclaircies

Joël Collado est votre idole ? Ses bulletins météo vous sont plus indispensables que toute autre info ? Filez aux Archives municipales constater que le climat est une préoccupation de vos ancêtres depuis la nuit des temps et que cela n'a rien de superflu. Bien au contraire. Nadja Pobel


Et si la météo était aussi une affaire politique à laquelle nos édiles prêtent une grande attention ? Les Archives Municipales de Lyon ouvrent une boîte de Pandore qui recèle bien plus qu'une simple analyse de relevés atmosphériques. Au fil des descriptions du climat national et lyonnais du Moyen-Âge à nos jours, il apparaît bien vite que la capitale des Gaules a, en permanence, connu des "fluctuations" météorologiques. Ce terme pas encore péjoratif désigne la nature même du climat : rude (alternance de gelées et de canicules).

Les dirigeants de la ville ont donc dû lutter avec véhémence contre cette fatalité pour endiguer pénuries et maladies. Une inondation ou une sécheresse bloquent le transport des grains par voie fluviale (la voie terrestre est très peu développée encore), les moulins ne sont plus approvisionnés. Le manque de farine entraîne une spéculation et fait la part belle aux accapareurs. Les édiles ne sont, dès lors, plus à l'abri d'émeutes urbaines ou de l'exil massif des contributeurs fiscaux vers des terres moins hostiles; il est urgent de réagir.

C'est ainsi que naissent par exemple les greniers d'abondance, institution publique constamment approvisionnée en grains et pouvant alimenter à tout moment gratuitement la population. Lyon est l'une des premières villes françaises à en être dotée  (1722). Déjà au XVIIe (plus qu'aujourd'hui ?), les dirigeants anticipaient les crises et prenaient un risque financier pour le bien commun.

Pim-pont

Pilotée par l'historien Emmanuel Garnier, cette exposition s'appuie sur de nombreux registres et documents iconographiques mais aussi sur la reconstruction du sol lyonnais par un géomorphologue. Car la France est peuplée depuis 800 000 ans et les sources écrites n'ont que 2000 ans.

C'est donc en étudiant les compositions des différentes couches du sol qu'il est possible de détecter une fonte des glaces ou une période plus chaude. Ludique aussi, quoique moins scientifique, un jeu au sol pour les enfants permet de mesurer en s'amusant à quel point Lyon a été sujette aux inondations.

Les conséquences n'étaient pas humainement dévastatrices car les habitants ne logeaient pas aux abords du fleuve mais les infrastructures en pâtissaient. Au gré des réguliers embâcles (gel du fleuve) et débâcles (dégel avec flottement d'énormes blocs de glace menaçants), les piliers des ponts cédaient régulièrement faisant de leur reconstruction un des plus gros budgets du consulat lyonnais. Le climat était une question hautement économique, donc politique et in fine sociale.

Climat, à nos risques et périls
Aux Archives municipales jusqu'au 30 mars

 


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