Tant va le Gruffalo...


Les vacances scolaires approchent, donc les films pour enfants envahissent peu à peu les écrans. Pendant que le dernier Kirikou cartonne, et en attendant une deuxième salve la semaine prochaine (puis le festival Les Toiles des gones à partir du 27 octobre), voici donc deux programmes de films courts de qualité fort inégale. Mis à part son titre, Mon tonton, ce tatoueur tatoué n'a pas grand-chose d'enfantin. Totalement laid et desservi par un doublage assez catastrophique, il passe de la fausse provoc' à la fable sirupeuse avec la même indolence narrative. En tant que spectateur adulte, on s'y est ennuyé profondément, et on parie notre chemise que ce sera pareil pour les bambins.

Nettement plus intéressant, Le Petit Gruffalo est la suite d'un des hits récents du cinéma jeune public, lui-même tiré d'un best-seller pour enfants. Passons sur les trois très courts-métrages qui forment son avant programme, naïfs au-delà du raisonnable, pour s'intéresser au film lui-même. Graphiquement, Le Petit Gruffalo est au-dessus de la moyenne, avec ses textures qui cherchent un étrange réalisme du factice, les poils devenant une sorte de matière plastique assez étonnante (comme si Pixar fusionnait Toy Story et Ratatouille). Surtout, la simplicité de son intrigue (mais quelle est donc cette grande méchante souris qui effraye tant le Gruffalo ?) repose sur une très habile spirale qui dit la leçon de l'affaire : on n'a peur que de ce que l'on ne connaît pas, et apprendre, c'est aussi faire des expériences par soi-même, s'affranchir des préjugés des adultes, se forger ses propres limites et s'inventer sa propre communauté. Chouette leçon.

Christophe Chabert


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