Trop belle pour nous


L'Institut d'art contemporain ouvre ses espaces d'exposition à un artiste encore méconnu, Bojan Sarcevic, né en 1974 à Belgrade. Après une première visite, on hésite un peu entre les termes de « vide » ou de « sobriété ». Le costume de l'IAC semble en effet trop large pour ce plasticien pourtant multi-médiums (installations, sculptures, dessins, vidéos…). 

Bien sûr, quantité n'est pas qualité (l'artiste jouant aussi ostensiblement sur les effets de rareté), et force est de constater que la qualité plastique des œuvres de Sarcevic est impeccable. Superbes blocs d'onyx monumentaux représentant un homme et une femme. Impressionnante sculpture en « J » inspiré d'un bâtiment en Pologne, intelligents découpages et remontages de photographies d'architectures…

 Tout est à l'avenant : propre, fignolé, référencé, et… terriblement convenu, sans originalité ni profondeur. Nous avons même droit à quelques vieux trucs d'artistes fraîchement diplômés : les vêtements usés d'ouvriers et d'artisans présentés sur des tables, un « coin de mur » arraché à son lieu d'origine et déplacé dans une salle d'exposition, un petit croche-pied à la sculpture minimaliste et au monde de la mode (avec des mannequins photographiés au bord d'une piscine en manipulant un objet minimaliste)….

L'élève Sarcevic est bien trop sérieux et consciencieux pour nous. Sauf qu'à un moment, il craque et du coup nous intrigue : derrière des étagères singeant le mobilier design, l'artiste a accroché un petit dessin représentant un serpent entrant (ou sortant ?) d'un rectum ! L'œuvre s'intitule « Dream » et livre enfin un petit bloc d'inconscient non frigorifié dans l'onyx, et quelques sensations fortes !!

Jean-Emmanuel Denave

Bojan Sarcevic jusqu'au 18 novembre à l'Institut d'Art Contemporain


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