Braguette ouverte


L'amateur des Stones et/ou de Warhol se souvient forcément de la pochette que l'artiste new-yorkais avaient concocté pour l'album Sticky Fingers en 1971 : une véritable braguette ornait la photo d'un entrejambe en jean. Avec l'idée qu'en dézippant on allait forcément tomber sur quelque chose de sexuel et rock'n'roll. En ouvrant la pochette en deux, on tombait en fait sur un vieux slibard du genre à courir tout seul à la rivière.

Stratégie différente chez Golden Zip qui entend montrer, mais à travers sa musique, qu'il a une braguette en or, et en dessous des couilles en platine. Depuis le EP I'm not the same, le sextet lyonnais a choisi de délaisser son folklore vaguement tarantinien pour se livrer brut de poil, car après tout « the medium is the message » comme disait McLuhan. Et le message c'est ce Bring to the fever pitch, premier album présenté une cartouche de chasse entre les dents.

Porté par un chanteur dément dont le regard perçant et la versatilité ne sont pas sans rappeler l'acteur Michael Wincott, les titres de Golden Zip se jouent comme on frappe dans un sac de sable. Et pas vraiment pour calmer les nerfs.

Car si le groupe est une petite machine à tubes qui, sans avoir inventé le rock, lui fait quand même bien son affaire, lorsqu'il monte en régime (I'm not the same, Go go go) les décibels et les enragements aigus sont à l'avenant – quelque part sur un spectre oscillant entre Bloc Party et The Hives.

À l'aise sur tout les fronts d'un rock pêchu, on l'aura compris, plutôt classique mais taillé XXL pour la scène, Golden Zip offre aussi quelques surprises comme ce Me and my briefcase, tentative de pop chorale en équilibre sur une basse – leur échine du diable, tout au long de l'album –, qui s'achève en post-rock désespéré mais infiniment beau.

Stéphane Duchêne


Golden Zip (Release Party)
Au Périscope
Le vendredi 2 novembre
« Bring to Fever Pitch » (M&O), sortie le 5 novembre. 


<< article précédent
L'assassin qu'on mérite