Monde perdu


Pétri de films de science-fiction, Aurélien Portehaut (ici auteur, metteur en scène et acteur) a souhaité transporter cet univers sur scène : un homme dépressif tente de se suicider les mains dans un grille-pain quand il est dérangé par sa sœur totalement cinglée, puis par un extra-terrestre échoué par hasard dans son jardin.

Avec ce sujet on ne peut plus casse-gueule, Portehaut s'en sort a priori pas mal, préférant à un costume vert ridicule caricaturant un alien la nudité intégrale parcourant la scène en long et en large, ne s'habillant que d'un tablier de cuisine traînant par là. Excellent acteur, se distribuant les meilleures répliques (ah, l'exercice de prononciation du puzzle !), il abandonne assez rapidement ses partenaires, à commencer par Marie-Laure Rongier portant le fardeau de la sœur illuminée, ouvertement qualifiée d'imbécile et qui, de surcroît, braille sans interruption.

Quant à Yann Guillarme, qui a récemment tenu l'affiche des Loose Brothers en duo précisément avec Portehaut, il incarne un personnage qui repose entièrement sur l'entente (parfaite au plateau) avec son complice. Mais son rôle manque de corps, faute d'un récit qui tienne le cap.

Le texte s'éparpille, se perd en digressions certes drôles (avec par exemple un ping-pong où chaque phrase énoncée se chante : "je n'ai jamais été aussi heureux que ce matin-là", etc.) mais vaines pour faire progresser la narration. Aurélien Portehaut manque ainsi l'occasion de créer un spectacle vraiment cintré en hommage à sa SF adorée.

Nadja Pobel

Quand Henri rencontre Alfy
Au Rideau rouge, jusqu'au 3 novembre


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