Une brique dans la mare


Andelko, ancien régisseur et actuel propriétaire du No Man's Land, doit avoir des cojones, ou plutôt des jaja, s'il est comme on le soupçonne d'origine croate, grosses comme des poivrons farcis. Ou un sens de l'humour symptomatique d'une inconscience pathologique.

Dans un cas comme dans l'autre, le constat est douloureux : de l'avis des premiers habitués, l'endroit, comme victime d'une prophétie autoréalisatrice, fait depuis son ouverture en juin dernier plus souvent qu'à son tour honneur à son nom. A shame, comme on dit de l'autre côté de l'Atlantique, ce spacieux café-concert d'inspiration new-yorkaise (papier peint imitation briques, tireuse chromée, scène digne d'un comedy club, playlist tapant dans la musique anglo-saxonne des années 50 à 70 et clients aux airs de figurants de sitcom, le tout installé de manière fort adéquate à deux pas du quartier des Gratte-ciel) ayant tout pour s'imposer comme le cadre idéal des fameuses «soirées entre potes».

Détails qui tuent compris, en l'occurrence un coin hot dogs en libre service (à partir de 3€) et, surtout, un fumoir indépendant dont la moquette, d'une rougeur et d'une austérité toutes soviétiques, contraste si nettement avec le reste des installations qu'il ne peut s'agir que d'une prise de guerre froide. La programmation est à l'avenant : l'endroit accueillant pas moins de deux à quatre concerts/jam sessions/scènes ouvertes par semaine, on ne peut pas dire qu'il ne se donne pas les moyens de conjurer le sort.

Benjamin Mialot

No Man's Land
14 rue Paul Lafargue, Villeurbanne


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