Chambre avec vue


Hervé Guibert est un écrivain mythique, mort en 1991. La majeure partie de son œuvre prend pour point de départ sa personne, à base d'autobiographie et d'autofiction. Un style direct et marqué, qui fascine autant qu'il irrite.

La jeune metteuse en scène Sarah Seignobosc a décidé de se confronter à l'auteur en adaptant ses mots sur le plateau, pour le présenter sans filtre, comme il se voyait. Lui, le patient d'un sinistre hôpital, ici pour traiter un cytomégalovirus, maladie qui affecte progressivement la vue, et qui se développe rapidement à cause du sida. «Autrefois on me disait : "Vous avez de jolis yeux" ou "Tu as de belles lèvres", maintenant des infirmières me disent : "Vous avez de belles veines."»

Pendant son séjour de trois semaines, juste avant sa mort, Hervé Guibert a ainsi tenu un journal d'hospitalisation, qui sert ici de porte d'entrée dans son monde, ses peurs, ses joies, ses relations tantôt houleuses tantôt complices avec le personnel soignant...

Dans une mise en scène d'une sobriété bienvenue (malgré quelques écarts lors des moments de fiction), Vincent Dedienne incarne Hervé Guibert avec justesse et retenue. Un spectacle baptisé Mais tous les ciels sont beaux, à découvrir du 12 au 25 novembre, au Théâtre des Clochards célestes.

Aurélien Martinez


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