Enjoy the silence


Le monde de la musique se divise en deux catégories : ceux qui brûlent des planches et ceux qui gravent des sillons. D'un côté les bêtes de scène, de l'autre les animaux de studio. Les performers et les songwriters. Dans ce tableau inspiré d'un célèbre traité de taoïsme social appliqué (Le Bon, la brute et le truand, par le professeur Sergio Leone), Dominique Dillon de Byington fait figure d'anomalie. Pas parce qu'elle fait partie des trop rares individus invalidant ce clivage. C'est le cas, après tout, de la plupart des musiciens dont le portrait orne ces pages. Mais parce que les mélodies de cette jeune et jolie Allemande d'origine brésilienne ne méritent d'être découvertes ni le cul vissé dans un canapé, ni les pieds ancrés au sol en béton ciré d'une salle de concert, mais les yeux rivés à un écran.

Et pour cause : elle a la délicieuse et régulière manie d'interpréter des extraits de This Silence kills, son premier album, en direct de sa chambre, attifée comme une madone en cavale (grosses lunettes de soleil, épaisse couche de rouge à lèvres) et face webcam. Il suffit d'entendre une fois sa voix d'enfant qu'aurait grandi trop vite sourdre de ce cadre über intimiste pour comprendre ce qui a amené la techno queen Ellen Allien à la signer sur son label BPitch Control. Et pour tirer un trait sur toutes les autres grandes demoiselles de la pop à cristaux liquides, des plus minaudières (Émilie Simon, la Marion Cotillard de la variété française) aux plus formidablement vulnérables (Fever Ray).

Benjamin Mialot

Dillon + Tenkah + Seila Chiarah
À la Marquise, mardi 13 novembre


<< article précédent
Heure Latine