Vendredi, c'est soirée disco


Le clip de Inspector Norse, le dernier single en date du producteur norvégien Todd Terje est, de mémoire de boulimique de vidéos musicales, l'un des plus fun et l'un des plus seyants qu'on ait vu cette année. Tourné à la façon d'un documentaire tout en empruntant aux codes de la fiction indépendante scandinave (la grisaille en plan fixe, les contre-jours brumeux, les gros plans taxidermiques, tout y est), on y fait la connaissance de Marius Solem Johanson, moustachu paumé qui, à l'écoute de «certains types de musique électronique», ne peut s'empêcher de danser. Au bowling, sur les trottoirs de sa banlieue pavillonnaire, au magasin de bricolage, sur la plage, dès qu'il enfile son casque audio, il s'agite en une chorégraphie à mi-chemin d'une routine de qi gong et d'une chasse aux mouches. Et cela en dit long. D'une part, sur l'enjouement contagieux que propagent les tracks de Terje et, a fortiori, les sets qui les inclut (les siens sont, soit dit en passant, réputés pour leur charge érotique). D'autre part, sur la place à part que le bonhomme occupe au sein de la scène nu-disco, alors même qu'il règne sur elle aux côtés de Prins Thomas et Lindstrøm. Une place de novateur, là où la plupart de ses confrères se contentent d'être des rénovateurs du groove des 70's et des 80's. On ne voit pas qui parmi eux aurait pu, avec le même matériel, à savoir un simple ARP 2600 (un synthé modulaire prisé par Brian Eno, Tangerine Dream ou Jean-Michel Jarre et qui servit à modéliser la "voix" du droïde R2-D2 dans Star Wars) composer un EP aussi moderne que son It's the Arps, dont est extrait le tube sus-mentionné.

Benjamin Mialot

Todd Terje (+ Palma Soundsystem + The Pilotwings)
Au Club Transbo, vendredi 16 novembre


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