L'art et La Meunière

Bienvenue à La Meunière, un bouchon dans son jus où abondent fromages, cochonnailles et personnages de caractère. Jean-Louis Gelin, son patron originaire du Beaujolais, y distille derrière ses célèbres moustaches le meilleur de la cuisine au vin... et au beurre. Stéphanie Lopez


La meilleure façon de goûter au Beaujolpif nouveau, c'est encore dans le bouchon, autour du pot qu'on se descend entre poteaux en grignotant des grattons. A la Meunière, par exemple : parce qu'ici la cuisine surpasse aisément toutes ces cuvées nouvelles tout juste bonnes à griser le touriste en goguette – ce qui permet de rester concentré sur le seul contenu de l'assiette. Qu'on se le dise, le Beaujolais nouveau ne volera pas la vedette aux spécialités de la maison : du ballon de Guignol qui accompagne le saucisson aux farandoles de saladiers qui défilent en entrée (salades de museau, de lentilles, de clapotons...), en passant par les traditionnelles quenelles, andouillettes, gras double ou rognons, La Meunière a tout bon. On voit d'ailleurs d'emblée que Moustache n'a rien à cacher, les hors d'oeuvres typiquement local heroes étant exposés en vitrine tandis que les plateaux de fromages à dominante auvergnate trônent aux côtés de sublimes tartes aux pralines au beau milieu de la salle. Une salle riche en âme et en histoire (elle date de 1916), où les chaises en bois rustique voisinent avec photos d'antan et gravures d'outre-siècle.

Cuisine au vin vs cuisine au beurre

On attaque le menu Meunière par un premier et copieux caquelon où deux gros œufs meurette font trempette dans leur sauce au vin, tels deux beaux icebergs flanqués de croûtons – on regrette juste que le chef n'ait pas eu la main plus légère sur la salière. S'ensuivent deux autres caquelons brûlant d'un gratin de macaronis pour accompagner notre gâteau de foies de volaille, bien ancré dans la tradition. Nos voisins de table, eux, ont misé sur les spécialités beaujolaises de la maison : coq au Brouilly et andouillette au Mâcon. Mais la Meunière ne serait pas la Meunière sans son lot de cuisine au beurre, qui grésille généreusement dans les escargots en persillade, sur l'aile de raie ou sur la cervelle d'agneau (forcément à la meunière, et juste saisie comme il faut). Notons pour finir la présence hebdomadaire d'un pot-au-feu servi le mercredi midi, pour voir venir l'hiver avec force calories.

La Meunière
11 rue Neuve, Lyon 1er (04 78 28 62 91)
Menus à 18, 50€ (midi), 25 et 32€


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