Le sommeil attendra


10 ans sans dormir. Son titre même en atteste : dans ce genre de livre rétro-introspectif et, il faut le dire, sans malice aucune, un peu autocélébrateur, on trouve toujours plein de chiffres, ayant trait à la quantité de café avalé, aux nombres de bénévoles endormis sur un canapé (ou décédés), et ici aux nombres de lieux investis (plus de 300).

Il ne faut toutefois en retenir qu'un, évoqué par Vincent Carry, M. Nuits Sonores, en introduction : 1 cm. Celui qu'en dépit d'une croissance quasi exponentielle à tous les niveaux, le festival n'a jamais entendu céder à l'exigence artistique mais aussi territoriale qui est la sienne.

Dix ans sans dormir, c'est long, surtout vers la fin, surtout quand entre deux festivals on ne dort visiblement pas tellement plus. Toute cette histoire, ce livre vous la dévoile d'un bloc dans lequel on picore, des débuts balbutiants mais déterminés du festival Arty Farty au triomphe de la dixième édition, de la nécessité de la danse dans notre société aux spécificités tous azimuts de la ville de Lyon et de l'histoire de sa musique.

Témoignages, portofolio, pages (cartes) blanches aux artistes – dont certaines ont failli le rester (voir Brodinski en page 138) – on ne peut résumer ce livre fort bien achalandé graphiquement (Factory style, un peu) en quelques lignes. D'une, on n'a pas assez de lignes, de deux, cela reviendrait à le réécrire.

On peut en revanche conclure par la dernière phrase d'une belle interview de Virginie Despentes qui, on le prédit, s'appliquera à Nuits Sonores : «Je crois que les gens qu'on a connu à vingt ans, souvent, restent des collègues de rigolade quasiment pour la vie». Comment il disait, déjà, le poète ? Rendez-vous dans dix ans ?

Stéphane Duchêne

"Nuits Sonores, 10 ans sans dormir"
296 pages, 34€


<< article précédent
Gwenaël Morin au Point du jour