Les Hauts de Hurlevent

D'Andrea Arnold (Ang, 2h08) avec Kaya Scodelario, James Howson…


Pourquoi une nouvelle adaptation des Hauts de Hurlevent, après celles de Wyler, Buñuel ou Rivette ? C'est d'abord pour Andrea Arnold un défi : tester son style si contemporain dans le cadre d'un film en costumes. Le résultat est très puissant.

Format carré, caméra à l'épaule, lumière presque exclusivement naturelle, détail extrême de chaque bruit sur la bande-son, absence de musique ; Arnold fait ainsi voler en éclat toute tentation d'académisme. Idem pour la narration, sèche et sans pathos, à base de blocs reliés par d'énormes ellipses.

Là où Les Hauts de Hurlevent impressionne, c'est parce que cette logique de contrepied (à laquelle on peut ajouter la liberté qui consiste à avoir fait d'Heathcliff un noir) finit par rendre justice au romantisme cruel d'Emily Brontë. La deuxième partie notamment parvient à retranscrire toutes les vibrations sentimentales des personnages par une simple retranscription de la nature environnante, comme dans un tableau de Turner. Une réussite qui confirme, après Red Road et Fish Tank, qu'Andrea Arnold joue dans la cour des grand(e)s.

Christophe Chabert


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