Le divin Comédie

Le CNP Odéon est mort, vive le Comédie Odéon, café-théâtre de 300 places dont les portes s'ouvriront pour la première fois au public lundi 31 décembre. En attendant de pouvoir vérifier s'il fera honneur à son titre (auto-décerné) de «plus beau café-théâtre de France», petit tour des propriétaires. Benjamin Mialot


Les cafés-théâtres, c'est comme les bouchons, il y en a tellement qu'on a arrêté de les compter. Heureusement, d'autres le font à notre place. La Direction des affaires culturelles de la Ville de Lyon, notamment, en recense pas moins de treize. De quoi estimer la ville suffisamment équipée en la matière ?

Ce n'est pas le constat dressé par Stéphane Cassez, Marion Gervais et Philippe Giangreco, les codirecteurs du tout nouveau tout beau Comédie-Odéon : «Lyon est très bien pourvu en cafés-théâtres d'une centaine de places. Mais il y a une pénurie criante de salles de 300 places, particulièrement en centre-ville, qui sont le chainon manquant entre les cafés-théâtres traditionnels et les grandes salles comme le Transbordeur, le Radiant, la Bourse du Travail... Nous avons voulu ouvrir avec le Comédie Odéon une salle dans la veine du Splendid, à Paris, c'est-à-dire combinant le confort et les standards techniques d'un théâtre, comme des sièges de cinéma ou un plateau de 40 m², avec l'esprit de convivialité et l'accessibilité tarifaire propres au café-théâtre».

Connaissant le caractère éminemment concurrentiel de cette branche du spectacle vivant, l'ambition n'est pas mince. Surtout que le lieu est installé dans les murs du CNP Odéon, historique cinéma lyonnais sis en plein quartier Grolée, ce bout de presqu'île appelé à constituer une alternative au «carré d'or» entourant l'avenue Édouard Herriot mais qui pour l'instant est si peu animé qu'il pourrait servir de cadre à une fiction post-apocalyptique.

Tiens bon la barre (de rire)

Cette situation a beau s'enliser depuis maintenant quatre ans, elle est loin d'inquiéter les trois associés : «Un théâtre n'est pas tributaire du passage, c'est plutôt lui qui draine le public. Et puis tôt ou tard le projet des Docks Lyonnais (NDLR : la société foncière qui gère la grande majorité des immeubles du coin) aboutira et nous serons alors au cœur d'une des plus belles zones de Lyon».

Il faut dire qu'ils ne sont pas les premiers venus dans le milieu. Philippe Giangreco a ainsi fondé il y a près de trente ans L'Accessoire, tandis que Marion Gervais et Stéphane Casez, le producteur du carton Arrête de pleurer Pénélope, exploitent le Boui-Boui et le Rideau Rouge (et le Palace, l'un des épicentres du Off d'Avignon). Et ils ont une idée assez précise de la façon dont le Comédie Odéon peut se distinguer au sein de ce petit empire du rire : «Au-delà de sa jauge et de son confort, par sa programmation, résolument grand public, centrée sur l'humour mais aussi ouverte à la musique, au cabaret, au music hall...».

Dont acte avec l'impertinente radiophonique Sophia Aram, une paire de révélations du Jamel Comedy Club (Dedo, Claudia Tagbo), l'interprète du personnage secondaire le plus poilant de Bref (Kheiron), la pétillante Constance et le boulevard à succès J'aime beaucoup ce que vous faites, pour ne citer que les entrées les plus signifiantes du programme que déroulera le Comédie-Odéon sur le premier semestre 2013.


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Philippe Delaveau, prix Kowalski 2012