Les douze kicks de minuit

A Édimbourg, les réjouissances du Jour de l'an, connues sous le nom gaélique de Hogmanay, durent trois jours dont deux fériés. Pour dire que leur acmé consiste en un feu d'artifice et une retraite aux flambeaux, c'est généreux. Généreux et injuste, vu ce qu'on nous réserve ici en matière de clubbing. Qualitativement parlant.


Les acteurs de la vie nocturne lyonnaise sont des anticonformistes patentés – ou des petites natures, selon le côté duquel penche votre balance karmique - : alors que le réveillon de la Saint-Sylvestre est le soir de l'année qui, pour des raisons plus ou moins valides, est celui qui se prête le mieux à une course de fond sur dancefloor, ils préfèrent pour la plupart le passer chez eux à démembrer d'innocentes crevettes et à se biturer à la Clairette de Die.

Notez donc que si, une fois n'est pas coutume, ce papier consacré aux soirées à tendance amplifiée du nouvel an est le parent pauvre de ce supplément, c'est à eux qu'il faut le reprocher. Ceci étant clarifié, modérons notre vindicte : le 31 venu, tout ne sera pas que bals pour célibataires et dîners-spectacles prônant le port du boa en plumes.

C'est parti mon Kiki

Au Ninkasi Gerland par exemple, après le drapeau anglais, c'est celui des États-Unis qui sera hissé. Côté Kafé, une paire de DJs (dont Klément Vanukki, l'un des protégés de la maison) veillera à retranscrire en musique la tension mêlée de coolitude qui habite le Bronx, tandis que côté Kao l'ambiance sera, nous dit-on, à la redécouverte de la disco des eighties et de la dance des nineties. A deux pas de là, au Blogg, on a mis les petits plats dans les grands : de Uzul, fondateur du groupe Kaly Live Dub et expert en dubstep musclé, aux gobeurs d'acid techno du Qatarsix Crew, ce sont pas moins de quinze personnes qui se relaieront aux platines. Reste à voir si eux aussi se soumettront au dresscode rétro recommandé pour l'occasion. Au moins pour l'effeuilleuse burlesque chargée d'injecter un peu de volupté au déchaînement électronique qui s'annonce, la question ne se pose pas. 

Sa présence nous offre en tout cas une transition toute trouvée vers le "Nouvel An Orgie" organisé par Art Feast à la Marquise, bien que la débauche charnelle s'y limitera à quelques frottis-frotta sur fond de techno et de house avec la bénédiction, notamment, du collectif Station Essence. Reste que pour le dépaysement, c'est comme en 2011 à Elektro System qu'il faudra s'en remettre, sa fameuse Croisière Berlinoise s'apprêtant à embarquer, au départ de la Plateforme, Kiki, pilier du label Bpitch Control, et surtout le mystérieux duo Claptone, remarqué cet été avec Cream, petite bombe deep house construite sur un sample du Wu-Tang Clan. Ah ! Ils vont moins faire les malins à Édimbourg, quand ils nous sauront en train de danser dessus.


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