Un drôle de réveillon

La nouvelle, datée du 29 novembre, est tombée comme un couperet : cette année, France 3 ne diffusera pas son traditionnel bêtisier. Il flotte depuis comme une odeur de fin de règne. Sauf chez ceux qui savent que, pour achever un cycle calendaire sur une bonne marrade, c'est au café-théâtre que ça se passe. Benjamin Mialot


On les aime bien, tous ces gens qui font tourner les cafés-théâtres du coin. Ne serait-ce que parce que leur travail contribue à améliorer les fonctions cognitives de ceux qui en bénéficient – pour nous qui passons la majeure partie de notre temps à nous écouter réfléchir, ce n'est pas négligeable. Mais s'ils pouvaient remettre leur agenda à zéro plus en douceur, ça nous arrangerait. Non parce que faire le tri dans une quarantaine de propositions artistiques, voilà un travail herculéen… Ca va que c'est peut-être la dernière fois que nous nous en acquittons, et qu'il nous donne l'occasion de vous redire tout le bien que l'on pense de Dans ta bulle, une pièce aussi drôle qu'émouvante et servie par trois acteurs parfaits, dont Léon Vitale, qui incarne tous les seconds rôles masculins de cette histoire – librement inspirée des BD de Domas – d'un garçon optimiste pensant que le sourire est une arme de séduction massive.

Pour le meilleur et pour le rire

Ce numéro se concluant par un portrait d'Alexandre Astier, poursuivons par une révérence aux rescapés les plus ingambes de Kaamelott. D'un côté Jacques Chambon, qui dans son un Petit coup de blues (Le Complexe du Rire) organise la rencontre d'un cadre stressé que sa femme vient de larguer et d'un gardien de nuit se prenant pour Elvis, respectivement interprétés par les extraordinaires Damien Laquet et Nicolas Gabion. De l'autre Aurélien Portehaut et Yann Guillarme, des Loose Brothers (Rideau Rouge) au nom trompeur. Nulle gaudriole en effet derrière ce titre, mais du comique de haute volée qui les voit, l'un dans la précision et la gestuelle, l'autre dans l'énergie et l'abattage, faire montre d'une belle complémentarité.

En bonne bête de scène qu'il est, Guillarme reprendra dans la foulée (au Boui-Boui cette fois) Merci Jean-François, suite de sketchs trouvant sa cohérence dans son sens inné du cabotinage. Puisqu'il est question de one-man-show, enchainons avec, à l'Auditorium Lumière, deux révélations estampillées On n'demande qu'à en rire, soit Jérémy Ferrari, qui présentera son très noir, très acide et très rôdé Cet homme va trop loin !, et Babass, ou plutôt Chreustian, loser flegmatique que le télé-crochet de Laurent Ruquier a sorti de l'ornière lyonnaise dans laquelle il se trainait depuis de longues années. Terminons par un nom à retenir, celui de Karim Duval (Espace Gerson) : nous n'avons pas encore pu voir le premier solo de cette bonne bouille franco-sino-marocaine, mais de ce qu'on nous en a rapporté, il est probable qu'on vous en reparle la saison prochaine.


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