La saison des grands écarts


Pour sa première saison à la tête de la Maison de la danse, Dominique Hervieu inaugure deux événements originaux tout en exécutant une sorte de grand écart. Grand écart entre un festival (Le Boom des années 1980) consacré à des figures historiques de la danse, et un autre consacré à une poignée de chorégraphes émergents (Sens dessus dessous du 24 au 27 mai), dont une nouvelle vague rock'n'roll venue du Québec (Frédérick Gravel). Entre-temps, on attend beaucoup de Luc Petton et de son Lac des cygnes (Swan, du 7 au 10 février) exécuté avec de vrais volatiles, du retour de la toujours époustouflante troupe néerlandaise du NDT2, et du spectacle inclassable du collectif bruxellois Peeping Tom, A louer (du 19 au 22 février) : une pièce hantée d'âmes perdues et à l'onirisme cinématographique, croisant danse, théâtre et chant !

Même grand écart de programmation à l'Opéra qui passera allégrement d'un focus alléchant sur l'américaine Trisha Brown (avec des pièces interprétées par sa propre compagnie et d'autres par le Ballet de l'Opéra, du 9 au 17 février), à l'invitation de deux chorégraphes australiens inconnus du public (Lucy Guerin et Lee Serle) pour des créations sous le signe du mouvement virtuose et de l'abstraction rigoureuse. Au Toboggan, on pourra compléter notre révision des années 1980 avec deux soirées consacrées à Mathilde Monnier (les 19 et 21 mars). Ses premières pièces, les duos Pudique acide (1984) et Extasis (1985), expressionnistes, délurées et humoristiques en diable, seront reprises par de jeunes danseurs. On fera ensuite un grand bond dans le temps avec le duo burlesque créé et interprété par Monnier et la performeuse espagnole La Ribot, Gustavia (2008).

Jean-Emmanuel Denave


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