In Trust we trust !

Trust se serait donc une nouvelle fois reformé pour une tournée qui passerait par le Sonic ? Il faudrait être naïf pour le croire mais sur le papier tout porte à croire que c'est effectivement le cas. À moins qu'on ait affaire là à un cas d'homonymie caractérisé et accidentel. Ce sont des choses qui arrivent. Stéphane Duchêne.


Bien, asseyons-nous tranquillement, détendons-nous les jambes – nous en aurons besoin plus tard pour danser – et évacuons d'entrée le malentendu qui sourd à l'horizon car on voit d'ici les fans d'un certain groupe punk français avoir des vapeurs anti-sociales et perdre leur sang froid. Alors voilà : non, Trust n'est pas la formation culte de Bernie Bonvoisin et du guitariste Nono – de toute manière une récente jurisprudence passée totalement inaperçue interdit, on cite, «à tout guitariste d'une formation d'inspiration rock de se faire appeler Nono, ça fait plouc». Précisons que cela vaut également pour les Dédés, les Gégés, les Momos, tous invités à se tourner vers l'accordéon ou la guitare manouche.

Certes, on n'est pas beaucoup mieux barré avec le chanteur de notre Trust à nous : Robert Alfons, un patronyme qui fait davantage sous-secrétaire d'État aux hémorroïdes que rock star. Reste qu'avec son binôme Maya Postepski (on progresse), Robert est à la tête d'un Trust au magnétisme certain. Le genre de truc qu'on écoute sans trop y penser et qui vous colle au papier peint avant de vous envelopper avec, façon chrysalide.

Confusion des genres

C'est là la chose fascinante avec ce duo canadien d'obédience new wave à large spectre : tout en étant extrêmement aboutie, la musique de Trust a quelque chose du papillon qui n'aurait pas tout à fait achevé sa métamorphose – à l'image de la troublante pochette de leur album TRST, aveu de changement de sexe raté –, d'un vampire qui n'aurait pas totalement assumé sa transformation. Dans le registre de la métamorphose inachevée on pense ainsi à un Depeche Mode coincé entre sa période garçons-coiffeurs et son âge industriel.

Parvenant à combiner gothique rouleau compresseur, baroque précieux, et disco dansant au bord de la falaise, Alfons chante d'une voix fractale qui sonne tantôt comme un Bernard Sumner (New Order) enrhumé ou enfumé, c'est selon, tantôt comme un Andrew Eldritch (Sisters of Mercy) sous respirateur. Avec ce qu'il faut de maniérisme pour se faire sa place et son identité au sein de ce Cloud Atlas musical. C'est sans doute ce jeu des ambiguïtés et de confusion des genres qui nous rend Trust si irrésistible et digne de confiance. Au point qu'à travers des titres comme Bulbform, Shoom ou Candy Walls, il parvient à nous faire visiter des maisons hantées comme on cavalerait dans un magasin de bonbons.

Trust + Princess
au Sonic, lundi 21 janvier


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