Syndrome de Stockholm


Vous voulez vous convaincre que la vie en Suède n'est qu'une lente, froide et sombre agonie baptisée "ennui", un interminable magasin Ikea dépourvu des passages secrets qui permettent de s'en échapper pour aller profiter de son attaque de panique sur le parking sans passer par le rayon literie ?

Avec Holograms – qui rime vaguement avec "hooligans" – vous en aurez pour vos couronnes – là-bas, point d'euros. Parce que la Suède, le groupe de Stockholm, issu de la classe ouvrière, la taille en pièces. Et en biseau bien coupant avec ça. La social-démocratie, le modèle scandinave ? Une illusion, des Holograms. Du bullshit sauce gravlax.

Bien sûr, comme ils sont jeunes on pourrait croire qu'ils exagèrent un tantinet. Sans doute parce qu'il est plus compliqué de s'inventer une rébellion dans la paisible Suède que sous l'Angleterre de Thatcher ou à Téhéran. Toujours est-il que comme la littérature noire suédoise le laisse entendre – de Millenium à tant d'autres – il semblerait qu'il y ait un lièvre à lever et qu'il ait un goût de malaise.

C'est ce malaise que l'on ressent à l'écoute du punk tordu d'Holograms, où les synthés viennent troubler une manif' à laquelle ils n'ont pas l'air d'être invités. Et le groupe de jouer les party crashers de l'industrie musicale en tapant dans l'oeil d'un label indé de Brooklyn. Holograms n'a rien inventé, il ne fait que recracher une recette – le genre de recette où on met tout au pif – déjà entendue chez les Ramones, Suicide ou The Cure (bien secouer avant de servir). Mais en le faisant si fort qu'au final, il y en a plein les murs.

Stéphane Duchêne

Holograms + East
au Sonic, dimanche 20 janvier


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