Zoom sur une œuvre de Maurice de Vlaminck


Bien malin celui qui pourrait donner une définition précise et unique de la modernité en art, en peinture en particulier. A minima (et c'est déjà très discutable), il semble que, depuis les impressionnistes et les premiers abstraits, l'espace même de la peinture et ses matériaux prennent de plus en plus d'importance au détriment de la représentation réaliste. On remarque en tout cas deux points prégnants en déambulant dans l'exposition consacrée à l'art moderne lyonnais par le Musée Dini : une dilution des formes et des figures parmi des atmosphères vaporeuses ou lumineuses (de Louis Carrand à Paul Signac ou Pierre Bonnard par exemple) ; un travail sur la puissance des volumes et de la touche (chez Suzanne Valadon notamment)… Puis, tout à trac, on tombe face au Paysage de neige (1933) de l'ancien fauve Maurice de Vlaminck (1876-1958). Une toile lyrique et tourmentée qui emporte tout dans son sillage, ses sillons de neige et de boue noirâtre : masses des arbres tordus, nuages, route submergée, perspective torve… Tout y est dramatique, mouvementé, expressif et les vues de fleuves d'Albert Marquet ou d'Antonin Ponchon paraissent bien pâlichonnes à côté. Ici, la disparition des formes se marie avec la violence et la puissance de la peinture et ce tableau est, pour nous, le plus fascinant de l'exposition. Dans les années 1930, Vlaminck avait depuis longtemps pris ses distances avec son époque et n'avait peut-être plus cure de la modernité, mais qu'importe.


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Le Grand retournement