Du côté de chez Juan

L'Américain Juan Atkins connaît la techno mieux que personne. Et pour cause, c'est lui qui l'a inventée. Rappel des faits à l'occasion du passage (un rien incongru) de ce très grand monsieur de la musique d'aujourd'hui au DV1. Benjamin Mialot


Le DV1 aurait voulu envoyer un signal fort au reste du milieu lyonnais des musiques électroniques qu'il ne s'y serait pas pris autrement : à l'heure où Doop Event implante durablement son activité en presqu'île – avec l'ouverture début février d'un bar de nuit à l'angle de la rue Mulet et de la rue de la République et celle début mars d'une boîte sur la place Sathonay – et où circulent sous la doudoune les premières informations relatives à ce que trame l'équipe de Nuits Sonores sur le toit de La Sucrière, la boîte des pentes s'apprête à procéder à une forte augmentation de son capital symbolique avec le lancement d'un nouveau rendez-vous nocturne baptisé «I'm» qui verra se produire exclusivement des «légendes de la techno et de la house». On pourrait ne voir dans la formule qu'un artifice de communicant. Seulement voilà, le premier headliner de ces soirées n'est autre que Juan Atkins.

De l'électricité dans l'air

Pour ceux qui n'ont jamais sorti les oreilles de leur collection de 45 tours de Mouloudji, signalons à toutes fins utiles que le Juan Atkins en question est, selon l'expression consacrée, l'un des trois pères fondateurs de la techno. Les deux autres se nomment Derrick May et Kevin Saunderson et leur carrière débute de la même façon que la sienne, dans le Détroit de la fin des années 70. Camarades de lycée, ils y font la connaissance radiophonique de Charles Johnson, DJ plus connu de ses concitoyens sous le pseudo de The Electrifying Mojo. C'est la révélation : syncrétiques et galvanisants, ses mixes leur déflorent les tympans. Atkins est plus particulièrement marqué par le funk haut perché de Parliament, l'electro pop déshumanisée de Kraftwerk et la disco rétro-futuriste de Giorgio Moroder. Un achat de synthé analogique plus tard, son inclination pour l'expérimentation fait le reste. Atkins foule au pied les conventions du format chanson et combine ces influences en une musique moite et industrielle qui ne s'appelle pas encore techno. Pour cela, il faudra attendre le morceau Techno City (1984), produit en duo avec un certain Richard Davis sous le nom de Cybotron. Quant à ses lettres de noblesse, Atkins les lui donnera principalement sous l'alias Model 500 (avec des titres comme No UFOs, The Chase, Nightdrive ou Future) et via Metroplex, premier label dédié au genre qu'il fonde en 1985. Et depuis ? Depuis, Atkins a progressivement perdu de son mojo - il n'a quasiment rien publié depuis une décennie. Mais il lui en reste largement assez pour qu'on ait encore du mal à croire que cette date n'est pas un hoax.

I'm Juan Atkins
au DV1, vendredi 25 janvier


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