Spiritualité charnelle


Dans l'univers étonnant des contre-ténors, Max Emanuel Cencic et Philippe Jaroussky tiennent tous deux le haut de l'affiche et restent indéboulonnables. Que le Festival de Musique Baroque de Lyon invite l'un ou l'autre et la salle déborde. Pris d'un engouement total depuis quelques années pour ces voix célestes, le public se retrouve en transe comme à la grande époque des Castrats. Rien n'a bougé, sa fascination reste la même. D'autant qu'à chaque génération de contre-ténor correspond un style bien particulier. On se souvient de l'époque Alfred Deller et de la découverte pour beaucoup de cette voix improbable. On reste ému par le timbre d'un James Bowman, de ces pionniers qui ont su faire redécouvrir tout un répertoire. Max Emanuel Cencic est lui d'une génération de contre-ténors touche-à-tout, baroqueux mais pas que. Comme son compère Jaroussky, ce virtuose décline son art dans tous les styles, loin des sentiers rebattus, passant allègrement des musiques du monde aux univers les plus contemporains. Pour la Chapelle de la Trinité, il a construit une programmation purement baroque autour de Venise. Vivaldi, Gasparini, Albinoni… c'est dans ce répertoire que le contre-ténor excelle spontanément, avec sa technique hors pair, son intelligence musicale, son timbre d'une excessive douceur... Pour cette soirée d'exception, il sera accompagné par le tout jeune ensemble Il Pomo D'Oro, dirigé par Riccardo Minasi.

Pascale Clavel

L'Art des castrats
Dans le cadre du 30e Festival de musique baroque de Lyon
à la Chapelle de la Trinité, mardi 12 février


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Lyon, aujourd'hui comme hier