Balade dans le XVIIIe

S'écharper sur l'urbanisme, inventer de nouveaux quartiers, discuter de la nécessité d'une nouvelle salle de spectacle ou d'une bibliothèque, développer le commerce, ménager le pouvoir religieux, débattre à fleuret à peine moucheté entre pouvoir étatique et pouvoir local… Lyon aujourd'hui ? Non, c'était déjà Lyon au XVIIIe et, dans ce siècle des Lumières, la ville posait les jalons de ce qu'elle est aujourd'hui. Le Musée Gadagne invite à une balade dans cette période moins exotique qu'imaginée et dont il subsiste bien des traces au-delà de ses murs. Nadja Pobel


Grenier d'abondance (Lyon 1er)

Les murs derrière lesquels siège aujourd'hui la Direction régionale des affaires culturelles de la région Rhône-Alpes ont été érigés de 1722 à 1728 afin de conserver le blé nécessaire à l'alimentation des 120 000 Lyonnais - on le stockait jusqu'alors dans divers lieux privés, mais leur location revenait trop cher. Cet édifice, inspiré des façades de la place Bellecour, ne remplira cependant que peu de temps à sa mission initiale, un édit de libre circulation des grains le rendant rapidement inutile. Il deviendra une caserne avec magasin d'artillerie et arsenal.

Temple du Change (Lyon 5e)

Ce bâtiment a été construit sur des plans de l'architecte Simon Gourdet au XVIIe puis remanié par l'architecte Soufflot (1748-1750), qui s'est inspiré de la loge municipale de Brescia (Italie). Lorsque le centre économique de la ville s'est déplacé vers la Croix-Rousse, la loge est devenue un temple protestant en 1803 et a été le seul lieu de culte pour ces croyants jusqu'à l'édification des temples de la rue Lanterne (1857), du quai Augagneur (1884)  et de la rue Fénelon (1892).

Hôtel-Dieu (Lyon 2e)

C'est la grande œuvre de Jacques-Germain Soufflot à Lyon. Mais il n'a pas construit l'intégralité de ce bâtiment constitué de dix cours reliées par des galeries et bâti entre le XVe et le XXe siècle. Quand, en 1733, les recteurs décident d'agrandir le lieu pour accueillir des blessés, la façade n'est pas prévue mais, dans le même temps, le Consulat projette de construire un nouveau quai (achevé en 1749). Soufflot se voit alors confier la tâche de réaliser la partie allant du pont de la Guillotière à l'actuelle rue Childebert. La réalisation s'étend de 1731 à 1748. Le grand dôme est inauguré en 1764. Il est détruit par les flammes en 1944 et sera reconstruit treize ans plus tard.


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