Brood Brothers


Au festival Plug & Play, sis au Kraspek Myzik (à l'exception de sa soirée de clôture, mais on n'en est pas là), du 12 au 27 février, on ne lésine ni sur la quantité, ni sur la qualité. Plug & Play c'est un peu comme organiser une soirée dans chambre de bonne au lieu d'un loft à la mode avec des gens très différents qu'on ne connaît pas forcément mais garantis 0 % relou. À preuve, le groupe chargé d'inaugurer l'événement qui, s'il ne surfe pas sur les cimes d'une reconnaissance internationale affolante est 1) déjà passé par Lyon, 2) absolument impeccable.

Elliott Brood donc, qui bien qu'agissant comme un seul homme en compte trois, et pas moins de quatre albums en dix ans (et des poussières) d'existence. Trois types grandis au milieu des immensités ontariennes et qui en sont sortis avec une musique aussi rurale qu'atrabilaire et/ou désespérée à ranger sous le terme "death country" (un genre de country alternative et mal peignée). Laquelle leur a valu d'être qualifiés de «Nirvana de la country», ce qui n'est pas la moindre des comparaisons, mais aussi quelques filiations avec tout un tas de vieux countrymen traditionnels dont ils n'avaient jamais entendu parler.

Si ses albums, dont Days Into Years, le dernier, électrifié, se dégustent sans faim et sans fin, c'est pourtant sur scène que le trio prend toute sa mesure : là où s'accélère un tempo lâché comme un train à vapeur fou à travers la plaine, grinçant de la voix de frein à main de son chanteur Mark Sasso, wagons brinquebalant sur un banjo cyclothimique tandis que les guitares saturées alimentent la chaudière à bois. Un train qui voyagerait à la fois dans l'espace et le temps et dont il ne faudra pas louper la brève halte au Kraspek.

Stéphane Duchêne

Elliott Brood + Little Big Ian
Dans le cadre du festival Plug & Play
Au Kraspek Myzik, mardi 12 février


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