Version Mono


Pour les amateurs du genre, Mono est sans doute le plus pur groupe de post-rock qui soit. Manière de ne pas oublier l'école japonaise de cette discipline atmosphérique cheminant sur les cendres fumantes du rock et sous les pluies de météorites de la musique expérimentale.

À l'image de son nom paradoxal, la formule du quartet nippon est aussi simple que complexe, aussi immuable dans son ensemble que ses morceaux sont volatiles, comme on le dirait d'une substance explosive à la sensibilité exacerbée : de longs instrumentaux qui flirtent parfois avec le classique – l'ajout de cordes discrètes par dessus des guitares sinusoïdales, dont la rage contenue se soulage tantôt à la manière de ces magmas volcaniques à l'avancée inexorable, tantôt en de violentes explosions.

La question est : comment rester inventif après 12 ans d'errance sur ces terres pelées et sous ces cieux atomiques en tenant fermement la barre et en ne se laissant pas distraire. En ne cherchant pas, justement, à être inventif, mais au contraire à creuser, avec une sorte de détermination autiste – celle-là même qui anime leur complice de longue date, le producteur Steve Albini – le même sillon. À laisser fleurir, la plupart du temps lors d'enregistrements live, des influences qui vont de My Bloody Valentine à Beethoven en passant par Ennio Morricone.

Quand certains se perdent sur des territoires qui ne leur réussissent pas toujours, à l'exemple de Mogwaï, parfois taxé de trahison par les puristes, les groupes tels que Mono restent, face à l'incertitude, une valeur refuge. Mono comme monomaniaque.

Stéphane Duchêne

Mono
À l'Epicerie Moderne, mardi 19 février


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