Noce de fer


Roumanie 1953. Des familles composées d'hommes à moitié - voire totalement - saouls et de femmes enceintes et/ou constamment en train d'allaiter se chamaillent, s'aiment, vivent. Le fils des uns va bientôt épouser la fille des autres. Les grands-parents, eux, observent en retrait dans cette pièce chorale que Didier Bezace (dont La Version de Browning ou plus récemment les très émouvantes Conversations avec ma mère nous restent en mémoire) fait valser. Malgré la présence du maire communiste (le génial Jean-Claude Bolle-Reddat), l'intrigue met du temps à se mettre en place et son sujet réel – les noces et la fête contrariées par le deuil national imposé par le décès de Staline – n'occupe que la moitié de la pièce, celle-ci privilégiant de fait la farce villageoise à une intrigue politique qui aurait pourtant méritée d'être traitée plus en profondeur. Adapté avec une extrême fidélité d'un film de Horatiu Malaele, Au diable Staline, vive les mariés ! (2008), le spectacle, avec ses incroyables "gueules" de théâtre, autorise cela dit de magnifiques tableaux de groupe (ah ! la séance de cinéma ou le repas mimé...) et joue habilement avec son décor épuré (un tréteau central et un tableau de paysage qui s'anime par transparence ou via de légers éclairages). Cela ne suffit malheureusement pas à l'empêcher de souffrir de longueurs et de sombrer parfois dans le grotesque, registre qui n'apporte aucune véracité supplémentaire à ce texte par ailleurs tragique qui avance au son live d'un trompettiste et d'un accordéoniste.

Nadja Pobel

Que la noce commence !
aux Célestins jusqu'au 22 février


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