Very drôle


Avant, nous étions contre le concept de "première partie". Mais ça, c'était avant. Avant que Vérino ne nous fasse prendre conscience, à son corps défendant, de la véritable utilité de la chose : la première partie ne sert ni à chauffer le public, ni à faire naître en lui une envie de tapas et d'alcool à faible fermentation, elle sert à prendre la mesure du chemin parcouru par la tête d'affiche depuis qu'elle n'a plus à s'estimer heureuse de se voir confier ce créneau ingrat. Le soir de son arrivée à l'Espace Gerson, il a en effet suffi à ce trentenaire nancéen de deux phrases et trois gestes, tout au plus, pour atomiser l'apprenti Gad Elmaleh programmé avant lui et légitimer son récent Olympia à guichet fermé.

A ce point ? A ce point. Car Vérino a tout. L'énergie, le rythme, la plasticité faciale, la mesure dans la grossièreté, l'ignominie et l'absurdité, une sidérante awareness et un tout aussi sidérant sens de l'improvisation et du rebond – gardez-vous d'envoyer des SMS ou de tousser pendant son one-man-show – et, trait plus rare qu'il n'y paraît dans le milieu de la gaudriole, une franche et contagieuse sympathie. Autant de qualités lui permettant de transmuter un matériau thématique somme toute très conventionnel (les petites absurdités du quotidien, les clivages homme-femme, les perles médiatiques...) en une succession effrénée, mais toujours logique de constats amusés. On adore, comme on dit dans la presse girly.

Benjamin Mialot 

Vérino
A l'Espace Gerson, jusqu'au samedi 2 mars


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