A base de pouet pouet pouet pouet


Sous la direction de l'acclamé Mourad Merzouki, la compagnie Käfig fait son petit bonhomme de chemin à travers le monde depuis déjà seize années. Pour sa nouvelle création intitulée Käfig Brasil, le sieur s'est entouré de onze danseurs cariocas et de quatre chorégraphes pour l'accompagner dans l'élaboration d'un spectacle en cinq modules. De Denis Plassard à Céline Lefèvre en passant par Octavio Nassur, chacun s'empare de l'idée du hip hop pour la redynamiser en explorant de nouvelles possibilités gestuelles. A l'arrivée, il est fort impressionnant de constater les écarts de points de vue d'une mini-pièce à l'autre, fort appréciable de découvrir des identités marquées. D'autant qu'elles sont servies par une troupe de virtuoses infatigables, à la célérité surnaturelle, comme née d'une urgence de vivre. Si rythme et diversité ne font pas défaut, on déplore toutefois un certain manque de classe, l'ensemble accordant une place bien trop large à une vulgarité malheureusement des plus consensuelles : un passage enthousiasmant de beatboxing se transforme en concert de pets mimés sur scène par les danseurs, un épisode bienvenu d'ombres chinoises devient prétexte à évoquer un pénis se balançant… C'est lors de ces moments de dérapages éhontés, dramatiquement admis comme des instants "populaires", que l'exaspération du spectateur atteint son comble. L'ensemble en prend un sacré coup, voyant son dynamisme survitaminé gâché par ce racolage mal placé. Dommage.

Laetitia Giry

Käfig Brasil
Au Radiant-Bellevue, mardi 12 et mercredi 13 mars


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Le casse(-noisette) du siècle