Am stram drame


Victor Hugo regrettait que le romantisme n'ait été au cœur des conversations de ses contemporains qu'au moment où ceux-ci le jugèrent sur le déclin. Nicola Verlato, Billy Norrby, Martin Wittfooth et Jérôme Romain ne devraient pas avoir ce problème : depuis la Saint-Valentin et jusqu'au 23 mars, ces quatre peintres à l'huile (un Italien, ses deux disciples américains et un Français), héritiers de l'intensité colorimétrique, de la précision figurative et du sens aigu de la dramatisation qui caractérisaient les œuvres de Francisco Goya, Eugène Delacroix ou Caspar David Friedrich, sont exposés à la galerie Spacejunk, et c'est peu dire que leurs travaux prêtent à discussion. Serait-ce seulement parce que la technique et la pulsion y sont au service d'une portée politique, qu'il s'agisse des cauchemardesques et néanmoins flamboyantes toiles de Wiitfooth, qui dépeignent des pachydermes et des ours polaires succombant à des maux industriels ou de celles de Verlato, qui avec leurs corps hyper musculeux et leurs détails lourdement symboliques mythifient façon Renaissance bagarres de hooligans et accidents de voiture, entre autres apocalypses quotidiennes.

Benjamin Mialot


<< article précédent
Une ville sans chat