Il chante la vie, il danse la vie

Consacré à la "chanson actuelle", le festival des Chants de Mars a le bon goût de recevoir Mathieu Boogaerts, doux swinger dont le récent album éponyme, son sixième, est un modèle de sobriété et de sensibilité. Laetitia Giry


Matthieu Boogaerts «n'aime pas ressembler aux autres». Autant dire que le festival des Chants de Mars, qui a vocation à mettre en lumière la diversité la chanson française contemporaine, ne pouvait trouver meilleur client que lui. Son récent album éponyme, qui retourne aux bases mélodiques de ses premières productions (J'en ai marre d'être deux, Michel) après le détour original opéré avec I Love You, composé à la batterie, chanté dans un anglais décoré d'un accent français des plus francs, ne dit pas autre chose.

Comme à peu près tout le monde, le monsieur y parle d'amour, des joies et des peines, mais il le fait sans excès de drame et avec des mots simples : «je t'aime, j'en suis sûr, je le crie sur les toitures», «pourquoi tu réponds plus ? Pourquoi t'as disparu ?», «t'as menti, c'est pas joli-joli»…Moins sophistiqué et mélancolique qu'un Benjamin Biolay, moins fantaisiste qu'un Thomas Fersen et moins sérieux qu'un Bertrand Belin, Boogaerts s'impose aussi comme l'homme qui a réussi à distiller avec succès du reggae dans la chanson française.

On stage tiger

Les airs africains et rythmes lascifs du reggae font en effet sa marque, s'impriment en fond dans chaque chanson. Le mélange se fait en douceur, le goût des accords est long en bouche et la délicatesse générale devient rapidement cocon douillet pour l'oreille ensommeillée. Un peu jazzy, un peu swing aussi, toujours sautillant et léger, Mathieu Boogaerts nous plaît surtout en live. Car c'est sur scène que le charme de ses morceaux agit le mieux, quand il est couplé à son jeu de séducteur insoupçonné. Petit déhanché chaloupé, œil coquin et voix câline : on vous le dit, l'ami Mathieu emballe. L'air de rien, il fait rire son public, s'en amuse naturellement et déambule sur les planches avec un art certain du menu déplacement enjôleur. Comme un poisson dans l'eau.

Petit bonus : si vous avez envie de le voir se promener avec un piano à travers villes et campagnes pendant trois minutes, regardez ci-dessous le clip de Avant que je m'ennuie. Vous entendrez au passage l'une des plus jolies réussites de ce dernier opus, mélange d'humilité et de poésie, de douceur et d'inquiétude cotonneuse. Une vision résignée mais gourmande, pleine de sous-entendus érotiques... Bref un petit bijou.

Matthieu Boogaerts
Dans le cadre du festival Les Chants de Mars
Au Marché Gare, samedi 23 mars


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Peter et son orchestre