Images et sons de cloche

Durant le week-end de Pâques, les Subsistances ressuscitent la création avec une dizaine de spectacles en tous genres et accessibles à petits prix. Jean-Emmanuel Denave


Inoxydable laboratoire du spectacle vivant, Les Subsistances poursuivent leurs week-ends de petits ou grands spectacles, avec une ribambelle d'artistes de tous poils à découvrir. Il n'y a dans la programmation de Ca cloche que deux exceptions à l'inconnu : le metteur en scène et directeur du Théâtre de la Croix-Rousse Jean Lacornerie, et le musicien et comédien Denis Mariotte, compagnon de route et de création de la chorégraphe Maguy Marin. Mais ces deux-là se lancent aux Subsistances dans de bien étranges aventures artistiques.

Jean Lacornerie monte ainsi deux créations autour de la musique du compositeur américain Ben Johnson, proche de John Cage et défenseur de la musique dite microtonale dans la lignée d'Harry Partch (attention, ça fait un peu mal aux oreilles au début). L'un des deux spectacles portera sur les lettres de Calamity Jane à sa fille, confiée à une famille d'accueil (on le comprend !) en Angleterre. «Ben Johnston invente un phrasé musical au plus près de la langue parlée, au plus près du souffle de la mère qui se confie. Le lyrisme surgit quand vient la révolte, les aigus claquent quand vient le défi. Un violon aux allures folk, un piano de vieux saloon, une batterie rock. Le compositeur invente une nouvelle gamme qui donne la traduction musicale exacte du temps qui nous sépare de l'épopée du grand Ouest», écrit à son propos Jean Lacornerie.

Papillonner aux Subs

Denis Mariotte se met, quant à lui, seul en scène pour une performance intitulée Minute papillon. Une pièce qui, comme l'indique l'insecte symbole des métamorphoses, explore la multiplicité éclatée de nos identités, et tentera de «saisir l'espace du plateau pour faire émaner dans un seul corps les identités simultanées, parfois souterraines, qui le constituent. Une composition dont l'écriture sera librement tissée de tous les éléments scéniques : la musique/le son – ma discipline d'écriture, devenue au fur et à mesure des expériences une matière de plus en plus poreuse aux autres éléments constitutifs de la scène –, la lumière et l'espace, la plastique et la présence/jeu d'un corps. Non pas une "pluridisciplinarité" mais la fabrication d'une figure à plusieurs facettes jouant les unes avec les autres».

En plus de ces deux rendez-vous clefs, on pourra voir du Lard (spectacle de nouveau cirque de la compagnie La Scabreuse), de la danse féministe avec Nora Chipaumire, un récital du chanteur Olivier Normand et une exposition de photographies autour de la performance.

Ca cloche
aux Subsistances, du jeudi 28 au dimanche 31 mars


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