Kid Loco


Américain d'origines mexicaine et apache, Brian Tristan fut très tôt au fait du métissage rock. Son surnom, Kid Congo, il le doit aux deux leaders des Cramps, Poison Ivy et Lux Interior, docteurs ès-sobriquets pour lesquels Tristan quitta quand même rien moins que le Gun Club qu'il venait de fonder avec Jeffrey Lee Pierce en 1979 – avant d'y retourner huit ans plus tard.

Avec ces deux groupes cintrés, Kid Congo, qui fut aussi dans sa jeunesse président du fan club des Ramones, a pu abuser à loisir de tous les mélanges, musicaux ou pas. Il ne s'arrêta d'ailleurs pas en si bon chemin puisqu'on trouve à son actif également des piges pour les Bad Seeds, les Angels of Light de Michael Gira – dont les Swans sont venus déployer leurs terrifiantes ailes la semaine passée – et des dizaines de collaborations avec des musiciens d'horizons aussi divers que Barry Adamson et Julee Cruise (galaxie David Lynch) ou son compatriote californien Mark Eitzel (galaxie folk dépressif).

C'est dire la plasticité esthétique du bonhomme, pourtant jamais aussi à l'aise que quand il barbote dans une mangrove psychobilly-blues tantôt survoltée, tantôt radicalement enfumée mais toujours grotesque - au sens premier du mot. L'écoute des extraits de Haunted Head, l'album à venir de King Congo et The Pink Monkey Birds, de retour au Clacson deux ans après un passage mémorable, laisse entendre qu'il sera le digne successeur de Gorilla Rose (2011) et surtout de Dracula Boots (2009). Et planer la certitude que ça ne va pas mieux et que c'est très bien comme ça.

Stéphane Duchêne

Kid Congo + Owen Temple Quartet
Au Clacson, mercredi 3 avril


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