La traversée du tempo


En comparaison du reste du répertoire de la compagnie Arcosm, Traverse a tout d'un spectacle mineur. Créé en 2011, il n'a pas l'élégance plastique d'Echoa, première création qui voyait une paire de musiciens et autant de de danseurs se transmettre leurs pratiques au cœur d'un échafaudage (et culmine à plus de 800 représentations à travers le globe). Il n'a pas non plus l'extravagance baroque de La Mécanique des anges, opéra rock à huit corps en passe de devenir un long-métrage. Encore moins l'intensité dramatique de Solonely, dernière œuvre en date de la compagnie, la première où ses fondateurs, le chorégraphe Thomas Guerry et le compositeur Camille Rocailleux, apparaissent seuls en scène.

Il est cependant le plus représentatif des questionnements formels qui animent le duo depuis sa rencontre au conservatoire de Lyon. Autrement dit de son attachement au rythme et à la scénographie, exprimé qui dans une séance endiablée de percussion corporelle, qui dans la métamorphose d'une cuisine tout ce qu'il y a de plus ringard en batterie king size. Mais aussi et surtout de sa sainte horreur des conventions et de l'incommunicabilité, le premier rôle, celui d'un type dont le quotidien cadenassé s'ouvre au contact de mystérieuses figures à l'onirisme et à la dinguerie, étant ici tenu par un mime dont les gesticulations confèrent à ce ballet de poche au demeurant extrêmement rigoureux un étonnant cachet burlesque.

Traverse
Au Théâtre Jean Marais, vendredi 5 avril


<< article précédent
Comme une odeur de souffre