Des gens qui s'embrassent

De Danièle Thompson (Fr, 1h40) avec Kad Merad, Éric Elmosnino, Monica Bellucci, Lou de Laâge…


Poursuivant ce qu'elle pense être une observation de la société française, Danièle Thompson invente surtout au fil des films une grande célébration des classes supérieures et de leurs valeurs : famille, religion, argent, apparences, réussite… Elle a beau, comme ici, créer des oppositions — les artistes contre les nantis, les candides contre les cyniques — ce n'est qu'une habile diversion avant la réconciliation finale — dans ce film-là, incroyablement bâclée. Et quand il s'agit de critiquer vaguement l'arrogance de ses personnages, c'est à travers des stéréotypes embarrassants, pas aidés par des comédiens parfois en pleine panade — Monica Bellucci est catastrophique en bourgeoise hystérique.

Surtout, Des gens qui s'embrassent a l'ambition d'un film choral, mais se retrouve coincé dans un format de prime time d'évidence trop étroit et qui intensifie tous ses défauts : ainsi la narration avance par bonds temporels, s'attarde sur des événements sans intérêt et passe à toute vitesse sur ce qui pourrait créer du trouble — le déterminisme amoureux qui relie les deux cousines, par exemple.

On aimerait d'ailleurs sauver les deux jeunes actrices qui les incarnent — Lou De Laâge et Clara Ponsot — mais elles doivent faire avec un matériau scénaristique souvent médiocre qui les réduit à de jolies figures au milieu d'un tableau assez laid.

Christophe Chabert


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