Sous haute pression


Une grosse boîte grisâtre ouverte côté scène, une lampe-robot articulée, une chaise en plastique pliante, un dandy aux bottines bien cirées : le dispositif du solo Press - créé en 2008 et présenté cette semaine au Théâtre de la Renaissance dans le cadre de Collection Particulière, un nouveau rendez-vous annuel explorant l'univers d'un artiste, en l'occurrence Pierre Rigal - est pour le moins minimaliste. On y ajoutera une lumière blafarde et une bande-son électro-bruitiste aux accents industriels.

Dans ce parking souterrain, ce bureau kafkaïen ou ce sarcophage contemporain, notre dandy solitaire palpe des parois hostiles, éprouve cet espace vide et confiné, valse autour d'une chaise... Mais peu à peu, ses mouvements s'affolent et se détraquent, alternant des gestes de révolte, des postures burlesques à la Keaton et des actions mécaniques, comme imposées par un environnement qui se révèle vite infernal. Les cloisons se contractent, font gicler le dandy pantin vers le mur opposé ou bien l'aimantent comme un électron de moins en moins libre.

Le corps de Pierre Rigal, ancien athlète de haut niveau à l'étonnante souplesse, résiste, s'arrange, cède, se redresse à nouveau, crâne et obstiné. Toutes les métaphores et interprétations sont possibles et assez transparentes (l'homme et la machine, l'absurdité des temps modernes, le cycle écrasant de la vie quotidienne, l'enfermement, etc.), mais ce sont les sensations et l'impressionnante résistance des muscles et des nerfs qui importent.

Pierre Rigal
Au Théâtre de la Renaissance, vendredi 12 et samedi 13 avril

Jean-Emmanuel Denave


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Le tourbillon de la vie