Leçon de choses


Quand la dernière représentation du Testament de Vanda aura eu lieu (elle se joue jusqu'au 14 avril aux Marronniers), il sera toujours temps de se procurer le texte de Jean-Pierre Siméon. En attendant, on se gardera d'invoquer le retour inespéré du soleil pour ne pas aller voir comment Elisa Ruschke l'adapte scéniquement et y tient le rôle titre en dialogue avec la violoncelliste Orane Duclos.

La comédienne a fait ses classes à Vitry-sur-Seine et surtout à l'ENSATT, d'où elle sort tout juste. Avec un engagement total, elle incarne généreusement une réfugiée des Balkans, atterrie sans ménagement «ici», en France, avec un enfant sous le bras. La langue de Siméon, auteur associé au TNP, est tellement ciselée, imagée et (osons ce mot galvaudé, qui retrouve un sens avec ce grand versificateur) poétique que le naturalisme et le misérabilisme n'ont aucune place dans ce récit.

Elisa Ruschke l'a bien compris, optant pour un décor quasi-nu où rien ne fait obstacle à son jeu. Une chaise, une ampoule et la voilà qui nous parle d'amour et de quotidien, de tendresse ou de ce qu'il en reste. Un grand auteur servi par une très prometteuse artiste.

Nadja Pobel


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Un fauteuil d'orchestre pour deux