«Le dessin comme sport d'endurance»

A la Fondation Bullukian, Laurence Cathala se joue du faux et du vrai à travers des livres mis en espace, des textes réinventés, une correspondance possiblement fictive et de nombreux dessins. Dessin au cœur de son travail dont elle nous démêle ici quelques fils.


«J'ai lu il y a quelques temps le livre de Haruki Murakami Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, dont la beauté et la justesse du titre continuent de me fasciner. La métaphore de la course de fond associée à l'écriture (et plus généralement à l'art, par le terme choisi d'auteur), cette image me fait penser à un dessin qui serait une activité, pouvant chez certains artistes se pratiquer comme un sport. Avec endurance. Ce pourrait aussi ressembler à une activité musicale (Murakami parle d'ailleurs de la musique qu'il écoute en courant ou de son amour du jazz), un moyen de faire des gammes. Avant je faisais des gammes, je dessinais dans les musées, dans la rue. Maintenant j'ai tendance à jouer de temps à autre, à des moments bien déterminés, à l'atelier et dans un but de composition précis.

Je travaille parfois à partir d'une image, photographique - des choses généralement liées au lieu, à l'architecture, aux espaces habités par des artistes ou des collectionneurs. Je regarde beaucoup de dessins d'architectes, je me sers de la notion de plan, de projet ou de maquette, et d'autre part la minutie du dessin (aux crayons, et parfois à la gouache) me permet de fouiller dans une image - pour archiver, conserver, effacer ou recouvrir certains détails. D'autres dessins concernent le livre et l'édition, en dessinant et fabriquant des collections de livres imaginaires, en travaillant le texte par le dessin (qu'il soit manuscrit ou typographique), explorant les relations texte/dessin et texte/sculpture.  Ainsi cette pratique de dessin n'est pas tout à fait “autonome” car toujours reliée à d'autres formes ou images, pourtant elle court dans tous mes projets et travaille chaque forme produite. En cela le dessin est progressivement devenu une écriture».

Laurence Cathala
A la Fondation Bullukian, jusqu'au samedi 25 mai


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