Les couloirs de la petite mort


Que se serait-il passé si la pelote de fil prêtée par Ariane, demi-sœur du redoutable Minotaure, au héros Thésée pour qu'il se repère dans le labyrinthe de Dédale s'était cassée ? Il se serait retrouvé dans le même état d'ébahissement que nous à l'écoute du nouvel album de Mazes (et aurait trépassé au terme d'une longue agonie aux relents de steaks hachés, mais c'est un détail).

La carrière de ce trio de Manchester, en dépit de son humour bien de chez lui – sa bio nous apprend que ses membres ont joué dans des groupes, sont influencés par d'autres et ont sorti des disques et donné des concerts, semblait pourtant on ne peut plus balisée : tapant dans (le mille de) l'indie rock à t-shirt mal coupé de Pavement, Sebadoh et autres Guided by Voices, A Thousand Heys, son premier disque, était voué à sombrer dans l'oubli aussi vite que ses refrains générationnels et ses riffs en basse définition nous avaient fait jouir des tympans.

Sauf que l'issue qu'on devinait n'était qu'un chemin de retour à la case départ : Ores & Minerals, son successeur paru à la fin de l'hiver, dévoile en effet un groupe méconnaissable, dont le sens inné de la mélodie hormonale résonne désormais dans des tunnels krautrock et des corridors psychédéliques. A les arpenter, on comprend mieux pourquoi le nom maze (labyrinthe, donc) et le verbe to amaze (ébahir) sont si proches.

Benjamin Mialot

Veronica Falls + Mazes
Au Sonic, samedi 27 avril


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