Post Tenebras Lux

De Carlos Reygadas (Mex, 1h53) avec Rut Reygadas, Eleazar Reygadas…


Une petite fille qui court dans un ciel zébré d'éclairs en murmurant «perro, perro…» ; un diable rouge qui s'avance avec une caisse à outils dans une maison ; un couple qui se rémémore sa visite dans un sauna échangiste français ; un homme qui s'arrache la tête à mains nues… Autant d'images, à la fois indélébiles et un peu débiles, qui constellent le dernier film de Carlos Reygadas, couronné par un généreux Prix de la mise en scène à Cannes après s'être fait lyncher par la presse.

Cela résume assez bien le problème : Post Tenebras Lux est un film pour festivals qui s'ingénie à en reprendre les scories — radicalité formelle, récit avançant par blocs de séquences disjointes, ésotérisme volontaire du propos, discours politique naïvement provocateur — quand il ne copie pas carrément sur ses voisins — de Weerasethakul à Sokourov en passant par Lars Von Trier.

Reygadas vaut mieux que cela, ses œuvres précédentes — et même son stupéfiant court pour le film à sketchs Revolución — le prouvent. On peut même trouver ici, au milieu de cet egotrip exacerbé en forme de suicide commercial, de fulgurants moments de cinéma, de ceux que l'on n'oublie pas de sitôt.

Christophe Chabert


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