Beau comme du Beaupain


Les chansons d'Alex Beaupain ont le don de faire passer des poignées de chiendent pour des bouquets d'oiseaux de paradis. Hier le cinéma nombriliste et anachronique de Christophe Honoré, proclamé digne héritier de la Nouvelle Vague (rires) par le truchement d'un César de la meilleure musique. Aujourd'hui la jalousie mal placée qui s'empare au lendemain d'une rupture de celui ou celle qui l'a prononcée, matière première d'Après moi le déluge, un single confondant de justesse et de naturel («Je sais c'est moi qui t'ai / Quitté, mais toi qui t'es / Pour penser qu'après moi / L'herbe repoussera ? / Après moi je veux / Qu'on soit malheureux»).

L'album éponyme dont il est extrait est à l'avenant : plus encore que Pourquoi battait mon cœur, le disque qui voilà deux ans fit définitivement entrer cet élégant Bisontin dans la cour des grands romantiques de la variété - notamment grâce à Au départ, belle mise en regard des années Mitterrand et du délitement précipité d'un couple passionné que s'appropria François Hollande pour sa campagne, il voit son auteur capturer le sentiment amoureux dans toute son ambivalence. Comme ont su le faire avant lui Alain Souchon, dont il partage la sobriété, le détachement et la malice, Bertrand Burgalat (les arrangements d'orfèvre, la fausse naïveté, la patine 80's) ou Julien Clerc, qu'il singe gentiment sur Coule, le morceau que l'interprète de Ma préférence lui a composé en échange des services rendus en 2011 sur son Fou, peut-être.

Alex Beaupain
Au Radiant-Bellevue, mardi 14 mai


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(Presque) Sept à la maison