Arboréal


Tapez Arborea dans Google et vous tomberez avant tout sur des sites d'horticulture et même de conseil forestier (un métier en plein boum). Quant au site de l'Arborea dont on vous parle ici, on est à peine étonné d'y voir des arbres. Ah ça, on en a connu des cintrés qui parlent aux feuillus (entre ici Francis Lalanne) mais comme Arborea assez peu. C'est bien simple, ce mélange de revivalisme folk alliant guitares à la Pentangle et voix moussue mi-Lisa Gerrard mi-Joanna Newsom (si, c'est possible), partisan du triolisme "un disque-une pochette-un arbre", pourrait à lui tout seul, outre servir à cajoler votre bonzaï préféré, œuvrer à la reforestation générale.

Le prodige étant d'autant plus grand que l'ambiance des disques de ce duo du Maine, patrie de Stephen King et du gothique américain, tend plutôt vers l'automnal pour ne pas dire vers l'hivernal – saisons qui pour les arbres sentent un peu le sapin. Car Arborea, le 2 mai au Sonic, avec la sublime Arianna Monteverdi en ouverture, est empreint de cette inquiétante étrangeté des régions boréales, où le vent couche les arbres par centaines. Et le duo d'avancer paradoxalement en pompier pyromane folk, en fantôme qui donne la vie, en déracineur d'arbres qui murmurerait pourtant à leurs oreilles - s'ils en avaient.

Stéphane Duchêne


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Baroque métissé