Barbarie Disco Club

Le plateau programmé conjointement par Arty Farty et le Oya Festival n'est pas seulement le plus exceptionnel de cette édition 2013 de Nuits Sonores. Il en est aussi, grâce à la présence de Lindstrøm, Todd Terje et Prins Thomas, a.k.a. la Sainte-Trinité de la nu-disco norvégienne, le plus cohérent et le plus dansable. Benjamin Mialot


On a vu naître et mourir le nu metal (à prononcer "niou métal" si vous avez moins de quinze ans, à proscrire de votre dictionnaire musical interne dans le cas contraire), rejeton bâtard du heavy metal et du hip hop dont les refrains boursouflés et les poses souffreteuses firent les grandes heures de la chaîne MTV au début des années 90. On connaît la nu soul, mise au soi-disant goût du jour des standards black que les studios Stax et Motown produisaient en quantité quasi-industrielle il y a de cela cinquante piges.

On n'a pas jamais trop compris ce qu'était le nu rock, mais on n'a apparemment rien manqué. Depuis le début du siècle, c'est au son de la nu disco, réinvention électronique de la plus moquée des musiques amplifiées (juste après le reggae), que nos veines auriculaires pulsent le plus fort.

Les trois fringants

Ceci grâce à des gens comme Prins Thomas, Lindstrøm et Todd Terje, trois Norvégiens qui, chacun à leur manière et via leurs propres labels (dans l'ordre Full Pupp, Feedelity Records et Olsen), ont su préserver le caractère ludique et charnel de la disco d'origine, autrement dit ses lignes de basse bien galbées, son tempo tueur de champion de step et ses scintillements mélodiques (quelle belle invention que l'arpégiateur tout de même), tout en la débarrassant de ses oripeaux les plus ringards – les fringues criardes bien sûr, mais aussi et surtout le format couplet-refrain.

A l'instar de nos French Toucheurs finalement ? Un peu. Si ce n'est qu'aux compressions conquérantes et aux plans de communication so pop de Daft Punk, Justice et compagnie, nos trois fiévreux venus du froid ont préféré les excursions dépaysantes – Prins Thomas et Lindstrøm se sont échappés ensemble vers les hauteurs les plus cosmiques du krautrock - et une imagerie toute en sobriété, en distance et en ironie – voir et revoir le clip "kaurismäkien" du Inspector Norse de Todd Terje. A entendre l'espèce de rip-off d'un classique mineur de Michael Jackson avec lequel ils ont annoncé leur retour, nos deux héros nationaux casqués auraient peut-être été bien avisés d'aller passer quelques temps au pays des Fjords.

Prins Thomas
Nuit 4, Scène 1 – 00h30

Lindstrøm vs. Todd Terje
Nuit 4, Scène 1 - 1h30


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Des gars, des filles