L'invention du tube


Leonard Slatkin a un rêve : enregistrer toute l'œuvre avec orchestre de Ravel. Ce pari fou est déjà bien avancé, l'intégrale se fabriquant chez Naxos au fil des saisons. En novembre, nous avons pu en entendre deux extraits, L'Heure espagnole et L'Enfant et les Sortilèges, deux délicieux opéras interprétés pour l'occasion en version concert. Pour les deux soirées à venir, tubes garantis avec le très (trop ?) connu Boléro de Ravel, La Mer de Debussy et quelques pages musicales plus intimes mais tout aussi exaltantes.

Par exemple Pavane pour une infante défunte et Rapsodie espagnole, pièces dans lesquelles Ravel déploie tout son génie de coloriste, livrant le portrait d'une Espagne féérique. Quant au Boléro, Ravel disait de lui qu'il devrait porter en exergue : «Enfoncez-vous bien cela dans la tête». Et le compositeur d'expliquer : «en 1928, sur la demande de Mme Rubinstein, j'ai composé un boléro pour orchestre. C'est une danse d'un mouvement très modéré et constamment uniforme… Le seul élément de diversité y est apporté par le "crescendo" orchestral». Soit une envoûtante montée en puissance de quinze minutes durant lesquelles la transe gagne chaque personne du public.

C'est là toute la force de l'œuvre, marche en avant presque mécanique qui voit s'empiler les timbres tandis que l'ostinato trace sa route sans subir la moindre transformation. Rien ne semble bouger et tout se révèle pourtant : l'écriture est culottée, les sensations intenses, le résultat époustouflant.

Pascale Clavel

Le Boléro de Ravel
A la Bourse du Travail, jeudi 16 et samedi 18 mai


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