God blesse


«L'amour, c'est comme le Tour de France : on l'attend longtemps et il passe vite», a écrit le poète sur des murs de toilettes publiques. C'est dire si le passage à Lyon de la centième édition de ce qui est pourtant la compétition cycliste la plus prestigieuse du monde est un non-événement. D'autant qu'il sera concurrencé par une manifestation d'inspiration vélocipédique autrement plus généreuse : L'Échappée Sauvage, qui verra les salles de concert les plus électriques de la ville (Clacson, Transbordeur, Sonic...) accueillir du 16 mai au 14 juin dix-sept pointures du rock indé.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça démarre fort avec Charles Hayward (voir ci-contre) et encore plus fort avec Godflesh, référence britannique du métal industriel dont les accords indociles, les hurlements crispés - courtoisie de Justin Broadrick, l'éminence très grise du groupe et de Jesu, formation toute aussi vénérable au sein de laquelle il laisse s'exprimer ses instincts mélodiques - et les rythmes lourds comme des enclumes en uranium appauvri influencent depuis le début des années 90 tout ce que la Terre compte de cacophonistes d'exception, de Faith No More à Converge en passant par Metallica.

Dissout en 2002 et ressuscité huit ans plus tard, Godflesh, plus grand seigneur que petite reine, a légué sept albums et autant de chefs-d'œuvre de noirceur et d'intransigeance. Et tout ça sans produits dopants s'il vous plait. Mais pas sans drogues - God's flesh, soit «peau de Dieu», étant le nom que donnaient les Mayas et Aztèques à la psilocybine.

Benjamin Mialot

Godflesh + Crown
A l'Épicerie Moderne, samedi 18 mai


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L’obscur objet de notre désir