Nuits Sonores 2013 - Jour 1

Après un warm up aussi vert et bon enfant qu'une réunion de fruits Oasis et une inauguration moins guindée que celle de l'an passé, Nuits Sonores 2013 est entré hier dans le vif du sujet. Retour sur une première journée qui, bien que déséquilibrée, n'a pas été avare en torgnoles soniques. Benjamin Mialot


La tentation était trop grande, y céder n'a pas été sans conséquences : programmés sur la scène principale des Subsistances, l'illustre Carl Cox (qui se produisait pour la première fois au festival) et le fidèle Laurent Garnier ont vampirisé la quasi totalité du public du premier NS Days, jusqu'à imposer au personnel de sécurité l'improvisation, à l'entrée d'une verrière rapidement devenue impraticable, d'un système de file d'attente. On pourrait le déplorer.

On pourrait si ces deux "dinosaures" n'avaient pas d'ores et déjà assuré deux des prestations les plus mémorables de Nuits Sonores 2013, le premier dans le registre fédérateur et bouncy qui a fait sa réputation, le second avec l'œcuménisme et la passion qu'on lui connaît depuis maintenant neuf éditions. On pourrait si ce monopole avait empêché les Bordelais de J.C.Satàn, chefs de file du renouveau garage, de livrer un concert survolté et poisseux, et les Strasbourgeois de Electric Electric de prouver qu'avec ou sans Colonie de vacances, ils comptent parmi les faiseurs de bruit les plus excitants du pays.

Panique celtique

Le soir, à Brossette, rebelote avec Busy P, mais dans une moindre mesure. Car dans le cas du boss du label Ed Banger, ce n'est pas tant sa prestation, trop promotionnelle et planplan pour être honnête (la silhouette gonflable qui s'animait derrière lui sous les projections de l'agence Superbien, en revanche, valait le coup d'œil), qui a focalisé notre attention sur la grande scène que la programmation impeccable dont il s'est fendu en tant que curateur invité. Du r'n'b futuriste et sexy de Alunageorge au mix cyber-organique concocté par la révélation post-dubstep SBTRKT en passant par Mos Def et son hip hop funky en diable, aucune faute de goût à déplorer – tout juste un ou deux glissements du pupute vers le putassier.

Mieux, ce premier «curated stage» a accueilli l'un des concerts les plus époustouflants de la saison : celui des rénovateurs pop de Breton, véritable show son et lumière arty (la moindre vidéo de ces Londoniens a une gueule de court-métrage "palmable") dont on est ressorti avec une envie irrépressible de les qualifier de «nouveaux Radiohead». Pour l'instant, seuls les bons souvenirs laissés ailleurs par le punk'n'roll transpirant des increvables Monsters, les dance hits pixelisés de Alto Clark, les "cartooneries" électro-tropicalo-métalliques des timbrés Gangpol & Mit et le set en tons de gris du vétéran techno Steve Bug nous retiennent. Mais pour combien de temps ?


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God blesse