Nuits Sonores 2013 - Jour 3

L'événement de cette troisième journée de Nuits Sonores était la tenue de la toute première Boiler Room (des DJ sets pour happy few retransmis sur le web) lyonnaise. Nous n'y étions pas. Tant mieux, sans quoi nous serions passés à côté d'un paquet de prestations mémorables. Benjamin Mialot


Le troisième NS Days était placé sous le signe de la cérébralité, voire de la prise de tête. Le quatrième, lui, aura fait la part belle au corps et à sa mise en pièces méthodique. A coups de kicks plus compacts que les marteaux maniés par Kaori dans le manga City Hunter (Nicky Larson en version franchouillarde) sous la verrière, où les puristes techno Shifted, DVS1, Planetary Assault Systems et Ben Klock ont rivalisé d'implacabilité – surprise, à ce petit jeu, ce n'est pas le patron du label Klockworks, dont le set avait l'an passé failli démolir l'Hôtel-Dieu avant l'heure, qui s'en est le mieux tiré, mais l'Anglais qui a ouvert le bal.

A coups de riffs abrasifs du côté du hangar, qui aura notamment vu se succéder Girls Against Boys, le temps d'un concert qui, à défaut d'être à la hauteur de la réputation de ces figures du post-hardcore, a surclassé en tension celles de bon nombre de petites frappes bruitistes, et le duo synth punk australien Civil Civic – qui, joie, n'a rien perdu de sa hargne depuis son passage au Sonic fin 2011.

En bons masochistes – on s'est tout de même essayé deux fois à la séance photo sous décharge électrique proposée par le studio Electrochoc dans un coin des Subsistances, difficile de ne pas vous affirmer, avant même la fin du festival, que ces deux plateaux en ont été les plus marquants.

Dan déconne

En tout cas sur le plan diurne. Car la nuit venue, les occasions de se claquer un mollet ou de se faire un nœud aux tripes ont de nouveau abondé. D'abord du côté de la scène britannique, laquelle ne s'est pas révélée aussi sensationnelle que sa version 2012 mais a tout de même fait forte impression, principalement grâce aux jeunes frères Lawrence, moitiés de cette prodigieuse machine à dépoussiérer la house music qu'est Disclosure, et à Jamie XX, machiniste d'un certain groupe d'indie pop cafardeuse surestimé, auteur d'un mix soulful et syncrétique de haute volée.

C'est toutefois, et en dépit d'un set digne de son aîné de Fritz Kalkbrenner, du côté de la scène Carhartt que la fête a été la plus folle. Parce que Connan Mockassin y portait une robe de chambre ? Parce que la nouvelle formule scénique d'Acid Washed envoie sévère ? Non, parce que s'y produisait Dan Deacon et que la noisy pop sous hélium de cet allumé aux airs de second rôle d'un film de Wes Anderson est irrésistible. A ce titre, on a rarement vu un public aussi réceptif aux ordres les plus cons («pointez une étoile et mettez-vous à genoux», «dansez comme ce type avec les lunettes de soleil vertes»...).


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