Jull

Mouvement Diurne (Amicale underground)


L'Amicale underground est un coin de pays bien sympathique, un coin de pays virtuel, une société de production grenobloise, un label qui se fait la belle, une association de malfaiteurs avides de musique et d'eau fraîche. Copine câline de l'ombre des groupes Rien et Câlin, on navigue sur ses eaux comme on circule dans la maison familiale : on en connaît fort bien les escaliers, on y croise çà et là des visages connus, des voix qui font écho… Tout ça pour dire que Jull n'est pas né ici par hasard. Que, comme ses copains Rien et Câlin, il met à disposition de l'auditeur ses albums en libre partage sur le site internet (de sa copine câline) tout en encourageant à payer si ça plaît, et que, comme eux, il fait partie d'une équipe – pour ne pas dire la même, d'équipe.

Après quelque sept années de silence depuis De la neige et des océans, Jull nous revient avec un nouvel album tout beau, tout poétique : Mouvement diurne. Le chanteur est désormais entouré de musiciens différents, dont le fameux compositeur et guitariste Olivier Depardon. Lui qui rêvait d'être goal écrit des chansons, et il le fait bien. Ses textes convainquent par leur élan romantique sans verser dans le pompeux, ils parlent de sidération amoureuse en laissant les gros sabots au placard, préférant l'évocation et les subtiles métaphores aux termes galvaudés, usés jusqu'à la corde par la horde des poètes amoureux de tous temps.

La meilleure illustration de cette beauté palabrée, vaillamment décorée par la musique et défendue d'une voix modeste mais assurée, reste sans doute le morceau d'entrée dans l'album : Bleu. Pas « bleu comme une orange », pas bleu comme un ciel tout bête, bleu comme un souvenir évanescent (« Donne-moi ta main / Sous le charme / La brume est un écrin / Au petit matin / Rouge parme »). Bleu, cocon musical au sein duquel se déploient des accords de guitares aussi rock que planants, lancinants que doux, ponctués par une pluie de notes de harpe bienvenue. Alors, qu'importe si quelques morceaux souffrent du syndrome Dominique A, celui de peiner à véritablement scinder les mots et la musique, transformer les paroles en mélodies (un mal très français), comme sur le titre Chavirés, exemple patent de cette parenté… Jull, sachez-le, c'est bon pour les oreilles et pour les amoureux.

LG

http://www.amicale-underground.org


<< article précédent
Gatsby le magnifique