Deux fougueux sur un plateau


Piano à Lyon reçoit le très médiatique violoniste Renaud Capuçon et l'hypnotique pianiste géorgienne Buniatishvili. Deux magnifiques interprètes pour un programme finement ciselé de sonates pour piano et violon de Franck, Enesco et Bartok, ambassadeurs d'un post-romantisme assez méconnu. Redécouvrir, sous leurs doigts magiques, les couleurs un peu passées de ces musiques élégantes et aux harmonies d'une exceptionnelle richesse revient presque à atteindre un nouveau monde.

Georges Enesco reste peut-être, à notre époque, le compositeur le plus confidentiel des trois. Une citation, recueillie par le critique Bernard Gavoty, pourrait le résumer : «La perfection qui passionne tant de gens ne m'intéresse pas. Ce qui importe, en art, c'est de vibrer soi-même et de faire vibrer les autres». L'œuvre d'Enesco est en effet faite pour chacun et touche jusqu'à la moelle. Sa sonate, pétrie des sonorités d'Europe centrale, offre des impressions d'immensité, impose un tempo toujours en mouvement, révèle des timbres évoquant une musique tzigane plaintive.

Quant à Franck, Renaud Capuçon considère qu'il est, comme il le déclara aux organisateurs du festival Folle Journée de Nantes, rien moins qu'un compositeur extraordinaire «dont nous pouvons être fiers». Forte de la renommée internationale et du jeu plein de vie de Capuçon et du talent fou, voire insolent, de Khatia Buniatishvili, la soirée promet moiteur et chocs esthétiques.

Pascale Clavel

Renaud Capuçon/Khatia Buniatishvili
A la salle Molière, vendredi 24 mai


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Chaud cha-chaos